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09/03/2016

Happy Anniversary to me !

Et voilà, aujourd’hui, 9 mars 2016, cela fait exactement 2 ans que je suis arrivée en Grande-Bretagne.

La première année fut l’année de toutes les premières fois – premier entretien d’embauche et premier boulot, première voiture, premier été (« 23 degrés pendant 3 jours ? Mais c’est la canicule ! »), premier Noël…
J’avais peur que la magie soit déjà rompue pour ma deuxième année, une fois l’effet « première fois » estompé, mais en fait c’était encore mieux. Je me plais vraiment ici, même si plein de choses (et de gens !) me manquent, et que mes séjours en France sont toujours trop courts. Toutes mes excuses d’ailleurs à celles et ceux que je n’ai pas réussi à voir depuis  mon départ. Promis je ferai de mon mieux pour prendre le temps de m’arrêter plus longtemps dès que possible !

Pour ce post « anniversaire » je vais tenter un petit tour d’horizon de tout ce que j’ai découvert depuis mon arrivée. Suivez le guide J

1.       Les supermarchés

Bon d’accord on en a aussi en France,  mais ce que je veux dire c’est que mes premières visites au supermarché étaient de vraies aventures. C’est fou comme tout est différent quand on change de pays !
Parmi les choses auxquelles je me suis habituée : les fruits et légumes conditionnés en sac ou en boite (très peu de « en vrac », peut-être l’obsession d’indiquer une date de péremption à tout prix), les yaourts géants, le choix de produits conservés dans le vinaigre (« pickled », ça va du cornichon à l’œuf dur en passant par la betterave et le chou).

Pickled ceci, pickled cela...

Les choses auxquelles j’ai du mal à m’adapter : la foultitude de sortes de Cheddar (désolée mais je n’arrive pas à faire la différence, ils sont tous également insipides pour moi), le manque de choix de moutarde, et les sortes de sucre qui ne sont pas les mêmes que chez nous.
Aujourd’hui, faire mes courses n’est plus une aventure, même s’il arrive encore que je rentre bredouille d’une expédition pour trouver quelque chose qui serait courant en France (de la levure en sachet par exemple).
En revanche, trouver de l’ibuprofène et toute sorte de médicaments disponibles sans ordonnance dans les rayons de Tesco (ouvert 24h/24h je rappelle), c’est génial. En plus, ils ont des pharmacies au sein même des supermarchés, donc même si vous avez une ordonnance, vous pouvez vous arrêter au comptoir en commençant vos courses et récupérer vos médicaments avant de passer en caisse. C’est vraiment, vraiment confortable.
Et je fais comment si je veux de la cassonnade?

2. La conduite

Je suis arrivée en Grande-Bretagne au volant de ma petite Twingo. Je l’ai donc conduite pendant quelques mois en étant du « mauvais » côté de la route – avec mon volant à gauche, je devais conduire au ras du trottoir pour être à ma place sur la chaussée. Quand en mai 2014 j’ai finalement acheté une voiture avec le volant à droite – ma jolie Renault Modus rouge – j’ai passé quelques semaine à raser voire heurter le bas côté, le temps que je retrouve mes marques !
Conduire une voiture britannique n’est pas si compliqué : les pédales sont exactement au même endroit, donc pas besoin de rééduquer les pieds ! Par contre, j’ai passé quelques semaines à donner des coups de coudes dans la portière quand je cherchais à attraper le levier de vitesse, et changer de vitesse me demandait tellement de concentration que ma voiture a fait quelques belles embardées, le temps que ça devienne automatique. Mais maintenant, je suis ambidextre du volant ! A part ça, je fais marrer Ian à chaque fois qu’on prend la voiture, parce que je ne sais jamais de quel côté je dois monter, même au bout de deux ans…

3. L’Histoire

Lors de ma toute première visite dans la famille de Ian en décembre 2013, j’ai lancé dans la conversation que je ne connaissais vraiment rien à l’Histoire de Grande-Bretagne. « Je ne sais même pas qui était roi au temps de Shakespeare », ai-je ajouté. Alastair, le frère de Ian, m’a alors soufflé « à l’époque de Shakespeare, c’était une reine, en fait. » Bon. Vraiment pas douée, la preuve.
Du coup, dès mon arrivée en Angleterre, j’ai essayé de me renseigner. Mon meilleur atout à ce jour fut la découverte de Horrible Histories, d’abord en format livres puis en DVD. C’est un concept absolument génial destiné aux enfants mais qui marche à tout âge, pour découvrir l’histoire de la Grande-Bretagne du point de vue de la « petite » histoire. Le show TV en particulier regorge de chansons qui permettent d’apprendre des tas de choses sans forcer. Grâce à leur « chanson des rois et reines », je connais maintenant toute la liste des monarques depuis Guillaume le Conquérant jusqu’à Elisabeth II ! Ce qui fait que je suis maintenant infiniment plus calée en Histoire britannique qu’en Histoire de France.
Après avoir englouti le format « enfant », j’ai passé la vitesse supérieure en lisant de vrais livres d’Histoire et en regardant de vrais documentaires à la télé. Pour les anglophones, tapez Lucy Worsley dans YouTube pour voir mon historienne préférée de la BBC...

Mon introduction à l'Histoire de Grande Bretagne !
Bref, je me suis vraiment prise de passion pour l’Histoire de la Grande-Bretagne. Dernièrement nous sommes allés à la Portrait Gallery à Londres (un musée plein de portraits comme son nom l’indique), et je me suis régalée dans la galerie des Tudor, en particulier devant les portraits de la reine Elizabeth 1ère – c’est elle qui était reine à l’époque de Shakespeare, si vous voulez tout savoir !
Il y a aussi un chouette tableau des Princes dans la galerie des Tudors.

 4. Après l’école

Après avoir trouvé un emploi et m’être un peu acclimatée au pays, j’ai cherché à m’intégrer au tissu social. Ma première idée était de rejoindre le mouvement scout, et en septembre 2014 je devenais cheftaine dans le groupe de Brickhill. Hélas, étant habituée en France a des réunions hebdomadaires avec mes co-chefs et à de longues après-midis de jeu et de déguisement avec mes jeunes, le format « 1h30 tous les lundis soirs » avec les jeunes et « une réunion de préparation tous les 3 mois » avec les chefs me laissa totalement sur ma faim. J’avais vraiment l’impression que le scoutisme était une activité extra-scolaire au même titre que du karaté ou des cours de peinture, et je ne trouvais ni le fun dans les aventures à faire vivre aux jeunes, ni la complicité que j’espérais avec mes co-chefs. Du coup, à la fin de l’année scolaire, je quittai le groupe de Brickhill, très déçue d’abandonner du même coup mon appartenance à la famille scoute de Grande-Bretagne.

Heureusement, avant de quitter le groupe, j’avais rencontré Elena, la maman d’un de mes louveteaux. Elena est espagnole et prof à Bedford, et elle m’avait dit avoir besoin de profs de français pour des cours du soir. A la rentrée 2015 donc, au lieu de reprendre les scouts, je commençais à enseigner au Centre de Langues de Bedford. J’ai commencé par avoir un groupe de conversation, composé de gens parlant déjà très bien français et d’autres carrément bilingues. Le groupe a maintenant évolué et je n’ai plus que de « bons élèves », les bilingues ayant fui depuis que les discussions sont devenues en partie des leçons de grammaire. En janvier, j’ai commencé à donner des cours à de vrais débutants. Et d’autres propositions sont en cours d’élaboration, donc tout ça me tient bien occupée !

Outre ces activités, Ian et moi avons commencé l’escalade (en salle) cet automne. Nous étions très disciplinés avant Noël, grimpant au moins une fois par semaine, mais ce début d’année est un peu poussif. On a quand même décidé de s’accrocher, parce qu’on s’éclate vraiment, et parce qu’on rencontre plein de gens qui pratiquent déjà et qui proposent de nous emmener grimper dans la vraie nature ! Et ça, ça fait envie… Même si pour le moment ça fait plutôt peur, et c’est pour ça qu’on doit continuer à s’entrainer.

5. Et après ?

Ma collègue Adriana est allemande. Elle est arrivée il y a quatre ans pour s’installer avec son copain Leon, un Anglais qui ne parle pas allemand. Ca me rappelle vaguement quelqu’un ! Pourtant, contrairement à moi, elle mentionne assez rarement le fait qu’elle soit étrangère, elle commente beaucoup moins les spécificités britanniques et établit peu de comparaisons avec les traditions allemandes.
Ca m’a fait réfléchir.
Je me suis aperçu que ça fait deux ans que je me vois comme une française s’étant installée en Grande-Bretagne. C’est comme ça que je me présente, c’est ce qui fait mon identité.
Mais maintenant, ça fait deux ans ; et c’est un peu comme dire qu’on est « jeune diplômé » sur son CV : au bout d’un moment, il faut changer d’en-tête.
Je pense donc qu’il est désormais temps pour moi de trouver ma nouvelle identité, et d’arrêter de me présenter comme une française installée en Grande-Bretagne. Parce que bien sûr c’est encore le cas, mais forcément cet aspect s’estompe en faveur de ce que je deviens, ici, et maintenant.
Avec cette prise de conscience, j’ouvre un nouveau chapitre de mon séjour en Grande-Bretagne, même si honnêtement je ne sais pas encore ce qui va changer.
Je crois simplement que la période de transition touche à sa fin. 


Voilà donc où j'en suis deux ans après mon arrivée. Beaucoup beaucoup de positif, et encore tant et tant à découvrir. J'espère que les années à venir seront aussi passionnantes que celles qui viennent de s'écouler, et que le charme continuera d'opérer encore très, très longtemps!


La magie des "Proms", ces concerts classiques tellement rock'n'roll et si British! Ca donne pas envie de rester, franchement?








07/05/2015

General Elections

Aujourd'hui, jeudi 7 mai 2015, c'est le jour des élections! Les Britanniques votent pour élire le nouveau Premier Ministre. Actuellement, c'est David Cameron, du Parti Conservateur ("Tory") qui tient ce poste, mais ça pourrait bien changer dès demain matin...

Moi aussi j'ai voté aujourd'hui, mais comme je ne suis pas Britannique, je n'ai pas pu m'exprimer sur le prochain Prime Minister. Par contre, j'ai voté pour le nouveau maire de Bedford, et pour ses adjoints, et j'ai aussi répondu à la question "êtes-vous pour ou contre l'augmentation de 15% du budget de la police de Bedford?"
Ca fait plaisir de se déplacer, au moins ça vaut le coup!

Et donc Ian a voté sur tout ça, plus la question du nouveau Premier Ministre. Tout ça le même jour, au même endroit, en même temps. C'est très efficace!


Ma carte (à gauche), celle de Ian avec plus de lignes (à droite)

Pour rappel, le jeudi est le jour du vote en Grande-Bretagne. Tout le temps. Pas le dimanche comme en France. Ca avait déjà été le jeudi pour le referendum sur l'indépendance de l'Ecosse. Les bureaux de vote étant ouverts de 7h du matin à 22h, ça laisse le temps à tout le monde - même aux gens qui travaillent - d'y aller. En plus, si vous n'êtes pas sur place ce jour-là, vous pouvez aussi voter par procuration, comme en France,  ou tout simplement par courrier, si vous ne connaissez personne qui puisse voter pour vous.

Donc ce soir, après le boulot, nous sommes allés jusqu'au Shakespeare hotel, à 5 minutes à pieds, pour déposer nos bulletins.

Prête à voter!

Comme ma carte était verte et pas blanche, on ne m'a donné que les 3 feuilles correspondant à ce pour quoi je pouvais voter. Mais pas besoin de carte d'électeur à proprement parler - j'aurais tout aussi bien pu oublier mon papier vert.

A vos crayons! Et pas d'enveloppe!
Une fois dans l'isoloir eh bien il suffit de cocher la ou les cases, selon les instructions, avec le petit crayon accroché au bout d'une ficelle.

Voter pour le maire, par exemple, c'était un peu bizarre. Je pouvais voter pour deux candidats, en premier ou deuxième choix. Comme j'avais lu le petit fascicule recu par la poste, je savais quoi faire, mais c'est vrai que ce n'est pas évident. Donc voilà : les bulletins sont dépouillés en ne tenant compte que du choix 1. Si le maire est élu comme ça, le choix 2 ne sera jamais décompté.
Si en revanche il y a ballotage, les croix placées dans les cases des candidats en ballotage, en deuxième choix, sont ajoutées au premier total pour les départager.
Oui mais du coup, si je veux voter pour Tartampion, quand il est en ballotage je veux surement encore voter pour lui non? Du coup à quoi ça sert de mettre une deuxième croix ailleurs?
Et là encore je pense que j'ai fini par comprendre.
Exemple: Susan est écolo, donc sans hésiter elle va voter pour le candidat Green. Mais bon, elle est aussi réaliste, et elle se dit qu'il ne passera jamais. Du coup elle met le candidat Green en premier choix, pour montrer son soutien, et en deuxième choix elle met le candidat du parti Travailliste, parce qu'elle préfère encore que ce soit lui qui passe plutôt qu'un Conservateur. Encore un concept intéressant!

Bref, une fois qu'on a bien réfléchi et coché plein de cases, on glisse la pile de papiers dans l'urne. Pas de grand cérémonial avec appel du nom et "a voté" ici.
Il y avait juste une urne différente pour les élections nationales, où tous les papiers blancs étaient collectés. Sans doute pour éviter d'avoir à trier, car ces votes seront sûrement comptabilisés en premier cette nuit. Les autres peuvent attendre...

Donc voilà, ça, c'est fait!

Maintenant, on va se caler devant la télé pour suivre les commentaires, à peu près inutiles jusqu'à la fermeture des bureaux de toute façon. C'est vers 2h du matin que ça se décante (mais on sera sans doute couchés à ce moment-là!).
Vers 9h demain matin, le résultat devrait être connu s'il est suffisamment tranché, sinon ça va continuer une partie de la matinée.

On se retrouve après les résultats!


23/12/2014

Merry Christmas



Bonjour tout le monde! Etes-vous prêts pour Noël? Est-ce que vous trouvez que les catalogues de jouets arrivent de plus en plus tôt dans les boîtes aux lettres et que ça a bien assez duré, ou êtes-vous impatients de vivre cette fête si particulière?

En Grande-Bretagne, Noël est plus qu'une tradition, c'est carrément un mode de vie pendant au moins tout le mois de décembre. Mais les festivités commencent très très tôt, et pas seulement via les catalogues de jouets. D'ailleurs je n'ai pas reçu de catalogue cette année, mais il y avait plein d'autres indices...

Christmas Shopping

Les produits de Noël ont fait leur apparition en rayon... Que je me souvienne... Oui c'est ça, avant Halloween! Les deux fêtes se sont même retrouvées fugitivement à se côtoyer dans les grandes surfaces. Ca veut dire environ mi-octobre.
Quand je dis produits de Noël, je veux dire les premiers chocolats et gâteaux. Oui parce qu'en France on a les papillotes et les chocolats en forme de Père Noël qui sont vraiment spécifiques à la saison, mais en Grande-Bretagne ils ont en plus des gâteaux vraiment bien particuliers.

Christmas pudding
L'un d'entre eux est le "Christmas pudding", élément immanquable de tout repas de Noël qui se respecte. C'est un genre de cake aux fruits secs dont la pâte est gorgée d'alcool - en général du Brandy. Traditionnellement, le gâteau est préparé au début de l'Avent et "nourri" (arrosé d'alcool) pendant les 4 à 5 semaines menant à Noël pour qu'il soit bien moelleux (mais aussi bien alcoolisé) au moment des fêtes. Du coup on peut le faire flamber, et c'est joli!

Christmas pudding flambéed


Sinon, il y a aussi les "Christmas cakes", qui permettent aux créatifs de s'en donner à coeur joie. En effet, ces gâteaux aux fruits et à la pâte d'amande sont la plupart du temps recouverts d'un glaçage très élaboré, donnant lieu à des créations avec décors et personnages en pâte à sucre. Voyez plutôt:






En tant que Française, je ne me retrouve pas trop dans l'idée de ces gâteaux qui ne montrent pas ce qu'il y a dedans mais se cachent entièrement dans un glaçage si lisse qu'on se demande si on est en train de manger la boîte. Toutefois, il faut reconnaître que ces gâteaux sont en général de vraies petites oeuvres d'art qui font un bel effet sur la table décorée. 

En plus, comme ils sont virtuellement impérissables, ils sont en rayon dès la mi-octobre, ce qui vous plonge dans l'esprit de Noël de très bonne heure.

Christmas music

En France, si vous voulez vous mettre dans l'ambiance de Noël, trouver de la musique n'est pas si simple: soit vous partez sur l'option "Minuit Chrétien" "Les Anges dans nos campagnes" et tous les cantiques religieux, soit si vous voulez du profane vous vous retrouvez vite en tête à tête avec Tino Rossi et son "Petit Papa Noël".
Inconvénients: très peu de choix.
Avantages: c'est tellement démodé que ça ne passe pas à la radio!

"Carolers" traditionnels (popularisés par Dickens)

En Grande-Bretagne, en revanche, il y a  des tonnes et des tonnes de chansons profanes, d'origine britannique et américaine. Entre les traditionnels "Christmas Carols" et les créations plus ou moins modernes, plus ou moins réussies, et les reprises de tout poil, il y a  des heures de musique sans évoquer une seule fois le petit Jésus.
Moi par exemple, j'étais contente au début, genre fin novembre, parce que justement "il y a le choix", et puis bien sûr Noël c'est la crèche et les santons, mais j'aime bien aussi les histoires de traineau dans la neige et de rennes au nez rouge, c'est du folklore, c'est mignon, et puis pour mon premier Noël à l'étranger, "ça change".
Oui mais voilà. Même avec des heures de musique, si vous partez du principe que les titres sont diffusés à la radio, dans les grandes surfaces, les restaurants, et, depuis la semaine dernière, par le poste branché dans un coin du bureau au boulot, en fait vous faites le tour assez vite, surtout que tous ces endroits semblent avoir acheté le même CD 12 titres...
Mais bon, oui, il y a infiniment plus de choix de musique ici qu'en France, et même si je suis en légère overdose juste là maintenant, en fait j'aime bien le fait que tout le monde soit "au diapason", même si c'est parfois un peu forcé. Au bureau, comme je disais, on a commencé à mettre de la musique la semaine dernière, et les collègues se mettent à chanter (quand le téléphone ne sonne pas). Ca fait des jours avant Noël un moment où il se passe quelque chose de différent, et je trouve ça bien.

Christmas on TV

Noël, ça passe aussi par beaucoup de marketing, évidemment. Quand approche le mois de novembre, les grandes marques dégainent leur "pub de Noël", qui a en général vocation à faire verser une larmichette et a créer de la sympathie pour  la marque en question.

La première à avoir fait le buzz cette année a été la pub pour John Lewis avec Monty le pingouin :

Mis en ligne le 6 novembre... 

Contrairement à ce que je croyais, cette pub n'est pas là pour encourager à donner à une association pour "donner à quelqu'un le Noël dont il a rêvé" comme ils disent à la fin. Non, c'est juste une pub qui dit qu'ici on vend des choses qui font rêver.
J'ai entendu dire que la peluche de Monty était vendue £90. Mais pour avoir visité un magasin John Lewis deux semaines après la pub, je peux dire que j'ai vu tout un tas de produits dérivés (boîtes de bonbons, pyjamas, bottes de pluie etc) mais pas de peluche, donc je ne sais pas si c'est vrai.

L'autre pub qui a fait parler d'elle c'est celle de Sainsbury. Je vous laisse regarder et vous faire une opinion :




Moi je la trouve extrêmement touchante cette pub. Mais il faut dire que j'ai vu et aimé le film Joyeux Noël qui ne parle pas d'autre chose. Je sais donc que ce type d'évènements a vraiment eu lieu et que ce n'est pas une invention de Sainsbury pour faire pleurer dans les chaumières.
Certaines personnes ont critiqué Sainsbury pour avoir utilisé l'image de la guerre et des soldats vraiment morts dans un vrai conflit pour faire parler de ses produits (la tablette de chocolat a été vendue en magasin). Mais dans le contexte du 100ème anniversaire du début de la 1ère guerre mondiale (la vidéo a été mise en ligne le 12 novembre donc exactement au moment des commémorations), on peut voir ça soit comme une couche supplémentaire dans l'exploitation de l'évènement, soit comme un rappel qu'il y a 100 ans, des hommes qui faisaient vraiment la guerre se sont arrêtés le jour de Noël, parce que Noël c'est spécial et "c'est fait pour partager" comme le conclut le film.
Je trouve qu'une marque qui dit "partager le peu que vous avez vous rendra heureux" a un meilleur message que celle qui dit "vous rêvez de quelque chose? nous l'avons en magasin!"

Mais pour moi, la plus réelles des pubs de Noël cette année est celle de Vodafone:


Lors d'un weekend en Ecosse en novembre, nous nous sommes arrêtés avec Ian et sa familles pour faire des courses dans un magasins de décos de Noël qui avait aussi un café à l'étage. Dans le magasin nous avons croisé les personnages de La Reine des Neiges et quelques fillettes aux yeux brillants - une visite presque aussi magique que celle du père Noël! La contrepartie à ces personnages déguisés, c'était la bande son du film de Disney qui tournait en boucle dans le magasin. Et tandis que nous prenions un café, les filles qui servaient derrière le comptoir se sont mises à chanter et danser sur la bande son, exactement comme dans cette pub! Quand nous l'avons vue quelques jours plus tard, on s'est dit que ce genre d'évènements avaient dû se produire un peu partout pour que ça finisse à la télé...

Christmas jumpers

Une des traditions de Noël, c'est le pull un peu kitsch et moche décoré sur le thème de Noël. Vous avez pu voir des exemplaires dans certains films britanniques, comme Le Journal de Bridget Jones.

Colin Firth dans Bridget Jones

A l'époque du film, le Christmas jumper avait encore un côté ridicule et réac, c'est pourquoi le malheureux Colin Firth, malgré sa bonne mine, passe pour un naze aux yeux de Bridget.

Mais cela a changé; les Britanniques ont désormais élevé le pull de Noël au rang des autres incontournables de la saison, au même titre que les choux de bruxelles avec la dinde (j'y reviendrai).
Comme l'explique cet article instructif, le pull de Noël a bénéficié de l'action de l'ONG "Save the Children" qui en 2012 a lancé une journée du pull de Noël pendant laquelle les gens portent leurs pulls de Noël et récoltent de l'argent pour la bonne cause. Et comme les Britanniques passent le mois de décembre à préparer Noël, à la maison comme au bureau, il ne leur fallait qu'une excuse pour porter un magnifique pull devant les collègues.

Du coup les pulls se multiplient, du super pas cher en synthétique jusqu'au vrai tricoté par mémé en laine de mérinos, pour que chacun y trouve son compte et puisse exprimer son esprit de Noël à sa façon.




Christmas dinner

Ah, le dîner de Noël! Le coeur de la saison! L'incontournable dinde!
Alors en France, traditionnellement c'est dinde aux marrons. En Grande-Bretagne, la dinde est au centre du repas, et l'autre élément parfaitement traditionnel et incontournable, c'est le choux de Bruxelles.

Le repas de Noël traditionnel

Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. Et apparemment ça ne fait pas plaisir à tout le monde. Mais on continue quand même. C'est la tradition.

"Les choux de Bruxelles c'est pour la vie, pas que pour Noël"

"Dites NON aux choux de Bruxelles ce Noël"
 A part les choux de bruxelles, à Noël il y a les petits boudins blancs enrobés de bacon (appelés "pigs in blankets" ou "cochons dans couvertures"), les pommes de terres grillées, les "mince pies" (tartes aux fruits et aux épices), la confiture de canneberge pour accompagner la viande, et de généreuses rasades de "gravy" (jus de viande) pour arroser tout ça dans l'assiette.

Pigs in blankets

Mince pies

Christmas everything

Il y aurait encore plein de choses à dire sur Noël: le nombre incroyable de cadeaux et de cartes échangés, le discours de la Reine, les spectacles dans les écoles, les soirées de Noël organisées par les entreprises, les crackers... Mais il y a trop de choses à dire pour un seul article, et il me reste encore plein de choses à découvrir  cette année. J'en saurai plus très bientôt!

Demain matin Ian et moi décollons pour l'Ecosse, où je vais vivre mon premier Noël Britannique! J'ai hâte :)

Passez tous un très bon Noël!




"J'aimerais que ce soit Noël tous les jours!" par les Wizzards. Sur les ondes 14 fois par jour en cette période festive...




23/11/2014

On the 11th hour of the 11th day

La semaine dernière, c'était le 11 novembre. Pour les Français, ce jour de commémoration est férié. Même si les radios-trottoires effectuées auprès des plus jeunes montrent qu'ils ne savent pas très bien ce qu'on fête ce jour-là, la vérité est qu'on fête l'Armistice qui mit fin à la 1ère Guerre Mondiale. 
En Grande-Bretagne, le 11 novembre n'est pas férié, pas plus que le 8 mai. Toutefois, d'une manière plus générale, le 11 novembre, ça s'appelle Remembrance Day, le Jour du Souvenir, et ça englobe tous les conflits qui ont eu lieu depuis 1914.

L'Armistice a été signée le 11 novembre 1918, avec prise d'effet "à la 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois".
Un an plus tard, en 1919, à 11h, les témoins racontent que tout le monde s'est figé en Grande-Bretagne, pour se rappeler de ceux qui n'étaient plus là pour profiter de la paix retrouvée.
Depuis, cette journée est devenue la Journée du Souvenir. Les disparus des guerres suivantes sont commémorés ce même jour (ou plus précisément, le dimanche le plus proche du 11 novembre).

Cette année, la Journée du Souvenir a été d'autant plus marquée que la 1ère Guerre Mondiale a débuté il y a 100 ans. Des coquelicots, symboles de cette guerre, ont fleuri aux boutonnières dès la mi-octobre.

Poppies




Vous avez sans doute vu à la télé l'impressionnante marée de coquelicots dégoulinant de la Tour de Londres. Ces 888 246 fleurs en céramiques représentent chacune un soldat britannique tombé lors de la 1ère Guerre Mondiale.
Ces coquelicots ont une histoire. La première étincelle vient d'un poème écrit par John McRae, un soldat canadien, à l'occasion de la mort au champ d'honneur d'un de ses amis. Il aurait écrit ce poème juste après la mise en terre, en décrivant ce qu'il voyait: des coquelicots à perte de vue entre les rangées de tombes. Ce poème, intitulé "In Flanders Fields" (Dans les champs des Flandres) a très vite connu un très grand succès. C'est le poème de guerre le plus populaire dans les pays anglophones. Il a été traduit en Français par un poète québécois sous le titre "Au champs d'honneur".


Au champ d'honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.

Nous sommes morts
Nous qui songions la veille encor'
À nos parents, à nos amis,
C'est nous qui reposons ici
Au champ d'honneur.

À vous jeunes désabusés
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d'honneur.


En 1918, inspirée par ce poème, Moina Michael en Amérique a décidé de porter un coquelicot en soie à sa boutonnière en souvenir des disparus. A son tour inspirée par Moina, c'est une Française, Mme Guérin, qui a eu l'idée de fabriquer cette petite fleur en papier. En 1921, elle envoya des vendeurs à Londres. Le Field Marshall Douglas Haig, fondateur de la Royal British Legion, l'adopta aussitôt. Le succès ne s'est jamais démenti.

Field Marshall Douglas Haig, considéré comme l'inventeur du Coquelicot du Souvenir

En France, c'est le bleuet qui est l'équivalent du coquelicot. Personnellement, je n'en ai jamais vu. Mais le bleuet n'a sans doute jamais bénéficié du même élan d'intérêt que le coquelicot.




En effet, le coquelicot, même s'il est présent surtout début novembre, apparait toute l'année, aux boutonnières, sur les voitures, et au pied des monuments aux morts fleuris par des associations, des vétérans et leurs familles.

Monument pour les Pompiers de Londres (Sept 2014)
Les associations de soutien aux anciens combattants sont très actives, et on voit à longueur d'année des symboles ou messages de soutien pour les combattants disparus.

Le coquelicot format voiture, à porter toute l'année
"Soutenez nos héros" - pour ne pas oublier ceux qui se battent en ce moment
La journée du souvenir en Grande-Bretagne n'est donc pas réservée aux guerres anciennes. Le fait de n'avoir gardé qu'une seule journée au lieu de séparer 1ère et 2nde Guerre Mondiale permet de faire de cette commémoration un journée de sensibilisation aux conflits passés et présents, aux soldats disparus d'hier et d'aujourd'hui mais aussi aux blessés, aux vétérans sans abris (il existe des associations spécifiques pour ces "héros dans la rue"), et aux soldats qui se battent en ce moment même.

Campagne Royal British Legion 2013

11 novembre


Ce 11 novembre a été particulier en raison du centenaire du début du conflit. L'installation de la Tour de Londres en est un exemple frappant. Chaque fleur pouvait être achetée par quelqu'un. Ces milliers de coquelicots ont attiré la foule, à tel point qu'il a été envisagé de conserver les coquelicots au-delà de la date prévue pour profiter de l'attraction touristique ainsi générée.
Mais dès le 12 novembre, les fleurs en céramique ont été retirées et envoyées à leurs nouveaux propriétaires.

Kate, William et Harry au milieu du "Blood Swept Lands and Seas of Red"
(Andrew Parsons/i-images/Polaris)

Ce qui n'a pas changé, ce sont les deux minutes de silence observées à 11h pile le 11 novembre. C'était par contre nouveau pour moi. Heureusement, nous avions reçu un email le jour même pour nous prévenir que nous observions cette habitude au bureau.


Bonjour tout le monde, 
Juste pour vous rappeler que comme d'habitude nous observerons les deux minutes de silence en l'honneur de l'Armistice et de toutes les personnes impliquées dans toutes nos guerres. 
Cette année a d'autant plus importance qu'il s'agit des 100 ans du début de la 1ère Guerre Mondiale.
Merci de votre soutien.





A 11h, tout le bureau s'est tu. Un client qui appelait à ce moment-là s'est entendu répondre "Je vous mets en attente, nous commençons nos deux minutes de silence". Un commercial dans le bureau d'à côté était en grande conversation, mais a fini par se rendre compte que quelque chose clochait. Il a bafouillé une excuse à son correspondant et a raccroché. A part ça, quelques bruits de clavier. On est tous restés assis - je m'attendais un peu à ce qu'on se lève, histoire de marquer le début et la fin du temps, mais non. A deux minutes, le bruit a repris. Les téléphones se sont aussi remis à sonner - comme quoi on n'était pas les seuls à avoir observé ces deux minutes de silence.
Les écoles, la majorité des entreprises, bien sûr les personnes présentes aux cérémonies officielles en Grande-Bretagne et tout les pays du Commonwealth se sont toutes figées à 11h ce jour-là, comme tous les ans depuis le 11 novembre 1919.

Personnellement, j'ai trouvé ces deux minutes beaucoup plus émouvantes et marquantes qu'un jour férié lors duquel on ne prend pas forcément le temps de se rappeler ce qu'on commémore. C'était vraiment très inhabituel pour la Française que je suis.

Les débats


J'ai aussi appris qu'il y avait quelques débats autour de ce symbole.
Certains trouvent que, particulièrement dans les médias, c'est à celui qui le dégainera le premier pour prouver son attachement aux traditions, son patriotisme ou son soutien aux troupes.

D'autre part, des célébrités se sont fait épingler pour avoir porté des version "de luxe" du coquelicot. Un bijoutier a en effet créé des modèles plus originaux et travaillés, piquetés de cristaux ou de perles, et vendus 60£, mais dont seulement 15% du prix de vente revient aux associations d'ancien combattants.
Quel est alors le sens de ce geste? Faut-il porter le coquelicot comme preuve de l'argent versé à l'association, ou bien pour se joindre au mouvement collectif de mémoire?

Broches créées par Kleshna

Enfin, le fait de célébrer les soldats d'hier avec ceux d'aujourd'hui fait dire à certains que porter le coquelicot est synonyme de militarisme. En appelant tous les soldats morts "héros", ne fait-on pas l'apologie de la guerre en général? C'est pourquoi certains préfèrent porter le coquelicot blanc, "pour promouvoir une culture de paix" ou "pour se souvenir des victimes".









Mais dans toute la variété des raisons pour laquelle les Britanniques portent - ou pas - le coquelicot au mois de novembre, il y a au moins la preuve que c'est un événement qui touche les gens et qui fait réfléchir.
En France, le 11 novembre est, depuis 2012, un jour de commémoration de tous les morts pour la France. Est-ce qu'on va aussi se diriger doucement vers une situation similaire à celle de la Grande Bretagne? Ou est-ce qu'il y aura de moins en moins de monde au défilé de novembre et de mai?

Il n'est pas facile de copier-coller des sentiments nationaux d'une culture à l'autre. En 2014, le Bleuet de France a repris des couleurs pour les 80 ans de l'association éponyme. Il est désormais fabriqué en France et ne cache pas sa référence à son cousin britannique. Peut-on espérer qu'il devienne un symbole aussi populaire qu'Outre-Manche? Ou bien est-il trop tard, près de 100 ans après, pour réveiller la ferveur des Français, qui ne sont pas très à l'aise avec l'idée même de patriotisme?



Les Français ne sont peut-être pas très bons en commémoration, mais ils ont sans doute trouvé leur propre façon de "ne pas oublier".