Désolée de n'avoir pas posté depuis longtemps. Maintenant que la rentrée est là, je vais essayer de me rattraper.
Aujourd'hui, je voudrais aborder un sujet d'actualité: le récent référendum qui a confirmé que l'Ecosse fait toujours partie du Royaume Uni. C'est un débat qui a fait couler beaucoup d'encre et qui me touche d'assez près puisque Ian est écossais. Il avait donc sur la question un peu plus qu'une simple opinion d'observateur.
Essayons de faire un petit tour d'horizon.
![]() |
Sondage instantané dans les boulangeries: achetez le cupcake de vos convictions! |
La question
"Est-ce que l'Ecosse devrait être un Etat indépendant?"
Voilà comment la question a été posée.
Certains ont reproché à David Cameron, Premier Ministre britannique, d'avoir autorisé cette formulation.
En effet, elle propulse directement les partisans de la rupture en progressistes qui disent Oui. Cela leur permet d'avoir un message très positif sans effort.
En retour, ceux qui veulent rester britanniques doivent dire "non", et ça ne passe pas aussi bien. Même si leur message a été rapidement transformé en "Better Together" (mieux ensemble), il faut quand même faire campagne pour refuser quelque chose.
Du coup, leurs logos et banderoles disaient en fait "non merci", pour atténuer la brutalité du message.
Les enjeux
Quels étaient les arguments des deux camps pour promouvoir ou refuser l'indépendance de l'Ecosse?
Culture
Les Ecossais sont un peuple à part, avec une forte identité culturelle. Pour comparer à la France, pensez Bretons ou Corses. Leurs batailles, leurs héros, sont toujours contre l'Angleterre. C'est pour ça qu'ils aiment bien les Français, parce que nous aussi on a fait de l'Angleterre notre meilleure ennemie. Retrouver leur indépendance est donc une aspiration un peu romantique, "enfin débarrassés de l'envahisseur".
Economie
Pétrole:
L'Ecosse possède, de par sa situation géographique, des gisements de pétrole en Mer du Nord. Les revenus générés par cette manne sont redistribués à la Grande-Bretagne dans son ensemble. Les indépendantistes avaient l'intention de conserver ces revenus pour la seule Ecosse.
Monnaie:
La livre sterling est la monnaie de toute la Grande-Bretagne. En devenant indépendante, l'Ecosse devait choisir une nouvelle monnaie. L'idée de passer à l'Euro a d'abord été évoquée, mais la solution retenue aurait été de garder la livre.
Politique
Sans rentrer dans les détails, vu que je ne maîtrise pas vraiment le sujet, une Ecosse indépendante aurait eu le plein contrôle de toutes les décisions, ne dépendant plus de Westminster. En particulier, à un moment où la Sécurité Sociale britannique est en plein débat, voter "oui" est un moyen de dire qu'on veut garder le système solidaire qui existe, non le remettre en cause.
L'Ecosse est également traditionnellement plus à gauche que le reste de la Grande Bretagne. Le vote pour l'indépendance a aussi été décrit comme une façon de se débarrasser de la droite pour de bon.
![]() |
"Votez yes pour mettre fin au pouvoir des Tory" (=conservateurs) |
Il existe déjà un parlement écossais, mais il aurait été plus indépendant. Alex Salmond est le "First Minister" écossais, mais pas le "Prime Minister" (qui est David Cameron). Une Ecosse indépendante aurait été un peu comme le Canada ou les pays du Commonwealth dont le chef d'Etat est toujours la Reine d'Angleterre, mais sans pouvoir réel.
Bon voilà c'est vraiment vite fait, mais c'est histoire de planter le décor.
Le vote
Le jeudi 18 septembre, les Ecossais se sont rendus dans les bureaux de vote.
Un jeudi, me direz-vous, c'est pas banal.
Eh bien en fait, si, complètement. En Grande-Bretagne, on vote le jeudi, c'est comme ça. Les bureaux de vote sont ouverts de 7h à 22h, ce qui donne à tout le monde, même à ceux qui travaillent, le temps de se rendre aux urnes. Il reste possible d'envoyer le bulletin de vote par la poste si vous ne pouvez pas être là (pas besoin de demander à quelqu'un de voter à votre place comme en France).
Les résultats ont commencé à fuser à partir d'1h30 du matin le vendredi 19, et vers 7h, David Cameron a pu remercier les partisans de l'Union : 55% ont voulu rester Britanniques, pour 45% de séparatistes.
Le meilleur chiffre, toutefois, a été celui du taux de participation: 84,5% de la population en âge de voter s'est exprimé. Comme quoi, quand on a l'impression que voter sert à quelque chose, on se déplace!
Le résultat
Quand on détaille région par région, on voit que le oui était majoritaire dans seulement quatre d'entre elles:
Partout ailleurs, le non a triomphé avec plus ou moins d'écart.
Sans surprise, les régions frontalières avec l'Angleterre ont voté non de manière très marquée. Après tout, étant voisins, ils avaient sans doute plus à perdre que les autres si une rupture s'opérait.
Fait intéressant, les Shetland - archipel d'îles au nord de l'Ecosse, ont également été très décidément contre l'indépendance. Il faut dire que ces régions ont été longtemps rattachées à la Norvège. Ses habitants se sentent d'abord Shetlandais, puis Britanniques, mais finalement assez peu Ecossais.
Et maintenant?
Le gouvernement britannique a fait plein de promesse aux Ecossais pour les convaincre de rester dans l'union. Maintenant, c'est l'heure des comptes.
L'Ecosse va avoir plus de pouvoir sur ses propres affaires. L'accord prévoit de donner aussi plus de pouvoirs aux autres parties du Royaume Uni. Le Pays de Galles, par exemple, n'a pas son propre parlement contrairement à l'Ecosse: ça pourrait changer.
Mais ça veut aussi dire que l'Angleterre va avoir plus de pouvoir sur ses propres affaires, car aussi curieux qu'il y paraisse, les députés anglais ne peuvent pas voter au parlement écossais, mais des députés écossais siègent à Westminster.
La première décision de David Cameron a donc été d'annoncer que les députés écossais ne pourraient plus se prononcer sur les décisions ne portant que sur des affaires strictement anglaises - créant ainsi une marge d'indépendance pour l'Angleterre.
Or, comme on l'a vu, l'Ecosse apporte surtout des députés de gauche à la Grande Bretagne. Résultat, la population a la furieuse impression que David Cameron se débarrasse en douce de ses adversaires politiques à l'Assemblée. Et ça, ça ne passe pas très bien.
Et ce n'est que le début...
Tout ça pour dire que le refus d'indépendance de l'Ecosse ne revient pas à tout laisser en l'état. Au contraire, c'est le début de grandes négociations pour rééquilibrer l'organisation politique des pays du Royaume Uni. Un moment qui devrait être intéressant si les Ecossais restent aussi impliqués qu'ils l'ont été pour ce referendum.
En bonus !
Les suggestions plus ou moins fantaisistes pour le nouveau drapeau de Grande Bretagne si jamais l'Ecosse avait fait scission.
Vous savez sans doute comment le drapeau britannique est construit: c'est l'addition des drapeaux nationaux de l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande.
![]() |
Et le Pays de Galles dans tout ça...? |
Du coup, un "Union Flag" sans Ecosse, forcément ça donnerait ça:
Mais bon quand même, ç'aurait été l'occasion de donner un peu de place au pays de Galles, non?
Le drapeau du pays de Galles est le suivant:
Du coup, le nouveau drapeau britannique aurait pu se transformer en ça:
Franchement, je trouve ça pas mal comme solution.
Mais les designers peuvent respirer, ils pourront continuer à faire original sans effort et sans rien changer!
No comments:
Post a Comment